Vis ma vie de Manager…
Avec Loïc Le Morlec, auteur et chercheur indépendant.
Auteur de Fake Management : Pour en finir avec les fausses croyances et les modes managériales, publié aux éditions ems, collection management & société, Loïc Le Morlec a consacré la majeure partie opérationnelle de sa carrière à transformer les organisations en s’appuyant sur l’Humain. Il se consacre désormais à la recherche et plus encore à l’enseignement. Son ouvrage, est avant tout un plaidoyer pour le retour de l’Humain au cœur de l’organisation de l’entreprise. Il partage sa vie de manager…
Un manager, c’est quoi ?
C’est un créateur de valeur. Pour l’entreprise d’abord, pour ses équipes ensuite et pour lui-même enfin. Je partage cette conviction qu’un manager qui ne crée pas de valeur en retranche. Faire avancer l’entreprise par rapport aux objectifs qu’elle s’est fixés et faire avancer les individus dans leur épanouissement et leur accomplissement professionnel. Cela me semble résumer ce qu’est un manager.
Les 3 qualités indispensables du manager ?
D’abord se faire confiance et accorder inconditionnellement et instantanément sa confiance à son équipe. La troisième qualité, c’est la capacité à rester proche de son équipe en toutes circonstances, surtout dans la difficulté. Ces trois qualités sont intrinsèquement liées à la création de valeur. Le management par la confiance génère de l’efficacité quand le management par le contrôle fait perdre du temps… aux équipes et surtout au manager. Donner sa confiance, a priori, permet de libérer du temps et de l’énergie.
Votre plus grand défi de manager ?
Comprendre que l’équipe n’était pas là pour soutenir mes objectifs mais qu’il m’appartenait de les soutenir dans leur action. Du jour où j’ai compris cette réalité, tout a changé pour moi. Il m’a fallu rencontrer une période difficile dans ma carrière de manager pour avoir cette prise de conscience. Le défi est double car il faut d’abord accepter de toujours remettre en cause son management et ensuite se mettre au service de l’équipe.
People, Planet, Project : vous en êtes où ?
En tant que chercheur, je m’intéresse beaucoup à la désagrégation du collectif de travail. Pour moi, le collectif joue un rôle clé dans la RSE. Parce que j’enseigne l’éthique dans les affaires et la RSE en mastère et en MBA executive, les axes People et Planet me sont particulièrement chers. Par ailleurs, considérant les axes People et Planet comme des composantes stratégiques de la performance en entreprise et mettant tout en œuvre pour les intégrer de manière opérationnelle dans les organisations, elles s’inscrivent dans une dimension « Project ».
La place de la formation dans votre stratégie de manager ?
Je pense que la formation des managers est clairement insuffisante. Et lorsque dans les écoles, elles sont dispensées, elles ne sont pas satisfaisantes. Il existe trois types de managers. Le manager dans l’âme qui aura toujours tout bon. Le manager par raison (dont je faisais partie) et le manager par erreur. Dans les deux premiers cas, une formation de qualité est indispensable. Même lorsque l’on est excellent, il faut se former, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi l’on fait bien les choses, pour les faire encore mieux. La formation doit aussi être perçue comme un processus itératif.
Ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Je me sens compétiteur. J’aime la performance. J’aime le résultat. Apporter de la valeur à l’équipe et bâtir la performance de l’entreprise avec l’équipe, c’est ce qui m’a toujours énormément motivé. Servir un objectif commun qui nous dépasse tous mais nous implique, c’est à mon sens ce qu’il y a de plus satisfaisant dans la vie de manager.
Votre meilleur souvenir de manager ?
À mon arrivée dans un nouveau poste de directeur Supply Chain chez un leader mondial, j’ai dû faire face à une crise majeure avec des ruptures ayant duré plusieurs mois. Le logiciel SAP était également en cours d’installation. Dans ce contexte de saturation, j’ai demandé à mes équipes de me faire confiance en leur ajoutant une charge supplémentaire significative qui pour moi devait rapidement soulager une partie des tensions. J’étais alors en poste depuis 4 mois. Nous nous connaissions à peine. Elles m’ont fait confiance inconditionnellement et ont accepté cette charge supplémentaire. Cette manifestation de confiance immédiate m’a profondément touché.
Et si c’était à refaire ?
Bien me former. Bien me former, plus tôt, et mieux pour limiter les erreurs que j’ai pu commettre. Je suis devenu, avec le temps, un vrai manager. Cela aurait pu arriver plus vite si j’avais bénéficié d’une meilleure formation initiale.
À propos de Loïc Le Morlec
Spécialiste en organisation, fondateur de LLM Conseil, Loïc Le Morlec cumule plus de 25 ans d’exercice en tant que cadre supérieur de Grands Groupes (Danone, Diageo, Nestlé Waters, Veolia, Univar France…) et dirigeant de transition. Il mène des travaux sur le lien entre l’Homme et la Performance de l’Entreprise et est membre de l’Observatoire ASAP (action sociétale action publique)