Analyste culturel, conférencier, évangéliste, auteur et podcasteur, Grégory Pouy est diplômé en marketing de la Aston Business School. Fondateur de LaMercatique (en 2012), il s’est spécialisé dans la stratégie marketing et les médias sociaux dans les secteurs de la beauté et du luxe. Son ambition : transmettre sa vision de l’évolution du monde pour envisager l’avenir autrement. Alors qu’il vient de lancer un nouveau podcast (Ping !) consacré au Leadership, il est convaincu que si le digital est un outil précieux de la transformation des entreprises, il ne se suffit pas à lui-même pour garantir la bienveillance vis-à-vis des collaborateurs et leur bien-être au travail.
Faire du digital un accélérateur de bien-être …
« Le digital n’est qu’un outil. C’est au manager de décider de l’utiliser à bon ou à mauvais escient ! », affirme Grégory Pouy. Rappelant les fantasmes et l’imaginaire qui se rattachent à l’outil numérique, l’expert souligne que « le digital est encore trop souvent perçu comme un outil de flicage, intrusif, potentiellement malveillant. Quant à l’intelligence artificielle, elle serait à même de supplanter l’être humain pour bien des tâches. Le digital nourrit un imaginaire qui n’est pas nécessairement positif en ce qui concerne le leadership ». Le risque ? Engager une transformation digitale ambitieuse et porteuse d’espoir tout en appliquant (et répliquant !) les mêmes techniques de management, en répliquant encore et toujours les mêmes codes d’un leadership à l’ancienne. « Si l’on saisit l’occasion de prendre soin des collaborateurs, si l’on place le soin au cœur de la stratégie RH, de la stratégie de leadership en considérant que redonner de l’autonomie aux collaborateurs est une opportunité d’améliorer leur bien-être au travail, alors le digital est un formidable accélérateur ! »
Le digital est capable du meilleur comme du pire …
Assurer des formations plus efficaces, permettre aux équipes de gagner en autonomie en fluidifiant les organisations hybrides, rendre le travail plus intéressant, moins répétitif et plus enrichissant. « Le digital et l’intelligence artificielle, lorsqu’ils sont utilisés pour ce qu’ils peuvent véritablement apporter, rend les humains plus humains », continue Grégory Pouy. Pour réussir cette transformation, et faire du digital non pas une fin en soi, mais un outil au service d’une entreprise plus respectueuse des individus, plus efficace et bienveillante à la fois, plus émancipatrice en somme, « la sincérité est capitale. Une sincérité qui doit émaner du top management. Cette sincérité, lorsqu’elle est réelle, évite d’avoir à faire acte de réassurance. La sincérité fait gagner du temps car elle évite les frictions et les résistances en interne ». Faire et ne pas chercher à prouver. Et si c’était cela le véritable levier de l’acceptabilité du numérique libérateur dans les entreprises ?
Redéfinir les contours du leadership
Pour Grégory Pouy, il faut s’inscrire dans un leadership du soin (Care en anglais). « Il est question de prendre soin des collaborateurs au sens littéral du terme et de sortir d’un leadership désuet du chef. La langue française n’a pas de mot pour le terme Leader. Cela crée finalement une zone de flou. Dans les faits, un leader, c’est celui qui trace le chemin. Le leader est un éclaireur et non un dictateur ». La confusion qui plane autour de la notion même de leader tord la perception que l’on peut avoir du digital dans les entreprises. « Le digital n’est pas un sujet. Le véritable sujet, c’est le rapport qu’un manager ou un dirigeant entretient par rapport au leadership ». Le « care », pour Grégory Pouy, s’entend selon quatre dimensions : physique (action, protection), psychique (émulation, ambition, vision), sociale (intelligence collective, apport au groupe, reconnaissance) et environnementale (inscription dans l’écosystème, utilité). Lorsqu’un manager s’interroge sur le sens du “care” dans ces quatre dimensions, il ne peut que se rendre à l’évidence : le digital un exhausteur de transformation et d’amélioration du bien-être des collaborateurs. « Le digital et la façon dont il est déployé dans une organisation n’est jamais qu’une expression de la façon dont le leadership est envisagé dans cette entreprise », conclut Grégory Pouy.
Et vous, vous en êtes où ?