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Management par la bienveillance : Retour sur cinq ans d’un concept en mutation …

26 septembre 2022

Management Bienveillant

Gael Chatelain & Management Bienveillant

Gaël Chatelain-Berry est aujourd’hui auteur, conférencier, chroniqueur. Mais auparavant, il a connu mille vies. Au sein du groupe TF1, à Canal+ ou encore à l’INA, il a managé des équipes, été compositeur de musiques de pubs, conseil de dirigeants d’entreprises… Si son nom vous est familier, c’est sans doute grâce à son livre intitulé Mon boss est nul, mais je le soigne, publié en 2017, au sein duquel il développe un concept qui lui est cher car il en assume la paternité : le management bienveillant. Ce concept est une notion entrée aujourd’hui au Panthéon des expressions accommodées à toutes les sauces. Déformé, dénaturé, parfois caricaturé, il est pourtant au cœur des enjeux des entreprises, confrontées à la vague de la Grande démission qui déferle sur le monde….

Revenons à la genèse, comment le concept de management bienveillant vous est-il apparu comme une évidence et pourquoi avoir cherché à le théoriser ?

GCB : L’idée m’est venue lorsque j’ai quitté mon dernier boulot en CDI. L’expérience avait été très intense et les questions de management dans l’entreprise que je quittais étaient plutôt laissées de côté. J’ai écrit un article intitulé LE MANAGEMENT PAR LA BIENVEILLANCE, L’AVENIR DU MANAGEMENT !, en réponse à cette expérience que je venais de vivre. Il existe des managers qui détruisent les gens et trop souvent, sans même le vouloir ! En 20 ans de carrière dans différentes entreprises, j’avais constaté que les managers perdaient souvent leurs bonnes manières avec le temps. Être à l’heure, ne pas hurler, dire merci, des idées toutes bêtes, mais qui changent tout au sein d’une équipe. La France revendique d’être le pays du savoir-vivre, du bien-être et dans nos entreprises, certains managers pourrissent le quotidien de leurs équipes. L’écriture a toujours été pour moi une thérapie. J’ai donc rédigé un texte pour exprimer ce ressenti. J’ai publié cet article sur LinkedIn en mars 2016 et, encore aujourd’hui, il compte parmi les plus lus en France. Le livre Mon boss est nul mais je le soigne m’a permis d’aller plus loin mais sans chercher à théoriser le concept du management par la bienveillance. Je voulais être super pragmatique. Les grandes théories pour le management c’est bien mais il faut commencer par la base. Le concept du management bienveillant, c’est surtout du bon sens et c’est sans doute ce qui a fait son succès. 

Ce concept s’est, d’une certaine façon, imposé à vous. Comment avez-vous réagi face au succès de cet article d’abord, puis à l’appropriation quasi-généralisée du concept dans le monde de l’entreprise ? 

GCB : Il y a eu plusieurs étapes. D’abord, j’ai essuyé les critiques. Ensuite le bouquin a cartonné et l’on a reproché au concept de n’être qu’une mode. Au fil des années, il a perduré, s’est lentement imposé. Puis il y a eu les confinements. L’évolution des techniques de management à distance, les nouvelles aspirations des collaborateurs, notamment le plus jeunes pour des meilleurs équilibres Pro/perso… L’inversion de la courbe du chômage est un changement de paradigme majeur. Les entreprises rencontrent des difficultés à recruter. Si je devais éprouver une fierté, c’est d’avoir pressenti que la bienveillance était une nécessité dans un monde où l’entreprise ne serait plus toute-puissante par rapport à l’emploi. Cela fait six ans que j’arpente la France et l’Europe pour parler de la bienveillance et j’ai la sensation de contribuer à faire avancer les choses. De cela aussi, je suis très fier. 

Vous ne vous êtes jamais senti dépossédé du concept ? 

GCB : Oui bien sûr et heureusement ! Je vois apparaître des coachs en management bienveillant, je vois des conférenciers, des experts en management bienveillant. Je m’en réjouis, plus la bienveillance se diffuse, plus je suis content. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai même jamais cherché à déposer un brevet de marque sur le concept. 

Et que dîtes-vous à vos détracteurs ? 

GCB : J’ai longtemps essayé de répondre, de débattre, d’argumenter mais je crois avoir aujourd’hui trouvé la réponse idéale. Je leur demande de m’expliquer en quoi la malveillance serait plus productive. En général, le débat tourne court.

Le management bienveillant, ça s’apprend ? 

GCB : Mais bien évidemment ! La bienveillance, c’est comme la politesse. Il faut en connaître les règles. La bienveillance, cela commence par dire bonjour aux gens. Cela n’a rien de bien compliqué non ? Pourtant, j’ai reçu un message d’une jeune femme sur mon blog qui s’interrogeait. Chaque matin, son manager arrive dans les locaux, salue les équipes des bureaux adjacents mais jamais sa propre équipe. Je lui ai conseillé de lui demander pourquoi. La réponse a été édifiante : il ne voulait pas faire trop copain-copain. Vous trouvez la réponse navrante ? Moi aussi. Cela témoigne que trop de managers manquent d’abord de formation, et leurs schémas mentaux sont dépassés. Le secret, c’est la formation. Les bases de la bienveillance s’apprennent, elles se révisent, elles se martèlent… Ce qui me réjouit aujourd’hui, c’est que les entreprises n’ont plus le choix. Pour fidéliser les talents, pour recruter, il faut repenser le management. Des managers attentifs et bienveillants, qui n’organisent pas des réunions le vendredi à 19h00, qui n’envoient pas des mails incendiaires à 22h30…. L’heure a enfin sonné de reléguer les codes du management du XXème siècle aux oubliettes !

Et, vous pensez qu’aujourd’hui, les entreprises sont au rendez-vous ? 

GCB : Au rendez-vous du changement oui ! Du fait de la grande démission, il n’y a plus d’alternative. Mais il faut vaincre des réticences, il faut former et cela prend forcément du temps. Il y a une latence et ceux qui tardent à se transformer vont souffrir. Il faut inciter à la bienveillance et accompagner le management par la bienveillance. Pourquoi ne pas indexer les primes du manager sur le turn over dans ses équipes par exemple. On ne valorise pas suffisamment les soft skills en espèces sonnantes et trébuchantes, dans un monde où le rapport de force entre les entreprises et les candidats s’inverse. 

Comment accélérer le développement du management par la bienveillance ? 

GCB : Par l’évaluation ! Aujourd’hui, l’évaluation d’un manager est faite par son propre manager. On lui demande si cela se passe bien avec ses équipes. S’il répond oui, l’évaluation est pliée. Il faut penser différemment. Les équipes sont les seules à même d’évaluer leur manager. Un manager devrait être fier d’être apprécié de ses équipes, il devrait être fier de faire grandir son équipe, de l’accompagner vers le meilleur. C’est le véritable rôle du manager à mes yeux.  2,5 millions de Français en burn-out, la France est le 2ème pays européen en matière d’absentéisme… Il est temps de réagir en misant sur la bienveillance…

 

L’analyse de Gwénaël Rigolé

La bienveillance, comme management, cela s’apprend ! Pour acquérir ces compétences, il faut s’appuyer sur des formations expérientielles fondées sur la pratique. Pourquoi ? Pour développer des comportements adaptés au contexte. En la matière, le digital comme le mentorat ou encore les ateliers de co-développement et de partage de use cases sont des compléments majeurs pour ancrer des réflexes et faire du management par la bienveillance, un acte naturel. Tous les métiers, toutes les fonctions gagnent à la bienveillance comme à la responsabilisation, alors que les organisations sont confrontées au défi du travail à distance et du travail hybride, au risque du centrage sur soi-même. La bienveillance doit être portée au rang de valeur collective au profit d’une dynamique collective. L’heure a sonné d’entrer (enfin) dans le management du XXIe siècle. Un management qui prend en compte les attentes des nouveaux venus sur le marché du travail et les nouveaux codes collaboratifs. 

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